Trek W : le défi de la beauté !

Publié le par Popi & Gillou

Nous avons organisé notre trekking depuis l'auberge Bertila car la tenancière et son papa, un vrai gaucho qui a parcouru les grandes plaines argentines des années durant, proposaient (en location) tout ce qu'il nous fallait : tente, réchaud à gaz, matelas mousse, ticket de bus pour rejoindre le parc, quelques 80 km au nord de Puerto Natales.

 

1er JOUR

 

Ce matin, nous nous lançons donc pour 4 jours de marche dans ce massif vieux de 12 millions d'années, bien plus jeune que la cordillère, datant elle de plus de 60 millions d'années. Le bus traverse un paysage de plaines et collines couvertes d'une végétation rase et jaunissante en ce début d'été austral. Après presque 2 heures, nous apercevons enfin les « torres del paine » (tours du lieu bleu), nom venant de la couleur des nombreux lacs alimentés par les glaciers du massif. Il semble que nous ayons de la chance car le temps est bien dégagé. Si nous arrivons là-haut sous ce même ciel bleu, nous pourrons nous estimer heureux d'avoir pu observer ce monument de la nature dans des conditions rares par ici !

 

Après s'être acquittés de l'entrée du parc et avoir rejoint le début du sentier par une nouvelle petite navette, nous mettons crème solaire, ajustons nos sacs à dos et entamons la montée vers le camping Chileno en compagnie de nos deux acolytes français Émilie et Émilien, un couple de français originaires d'Angers rencontrés sur la bateau Navimag.

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Le poids sur nos épaules est soulagé après deux bonnes heures de montée plutôt intense. Une fois la tente montée, le pique-nique englouti et les sacs allégés, nous nous engageons dans le fond de la vallée qui mène au mirador de « las torres ». Une petite montée raide à travers des versants de cailloux éparses termine cette ascension. Puis les tours apparaissent subitement, plus proches que jamais, surplombant un versant de glaciers en pleine fonte et un lac aux eaux turquoises...

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En observant la carte, on se rend mieux compte de l'ampleur du lieu. Le lac est à 880 m d'altitude et le sommet des tours à 2850 m pour la plus haute. Nous avons donc là, nous dominant, des monolithes de plus de 800 m de haut, comme posés sur leur socle de plus de 1200 m de haut. Les failles que l'on voit courir sur l'une des tours n'en sont alors que plus impressionnantes ! Sont-elles vraiment dangereuses ? Nous nous imaginons alors ces milliers de tonnes de granit s'effondrer dans le lac si un tremblement de terre venait à secouer trop fort la région... ! Pourtant elles sont là depuis quelques millions d'années tout de même et ont résisté à plusieurs glaciations.

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On perd vraiment la notion d'échelle et de temps dans ce cirque de pics acérés...

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Puis, le froid commence à tomber et il nous faut regagner le campement. En ce premier jour, nous avons tout de même marché 5h30 ! La soupe, la purée et saucisses englouties, nous nous couchons tant les moucherons sont peu supportables...

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2ème JOUR

 

Nous avons un peu perdu l'habitude du rangement rapide des sacs et de la tente. Cela se ressent ce matin car le départ n'est pas des plus pressés, d'autant que la nuit n'a pas été des meilleures. L'objectif du jour est de rejoindre l'entrée de la « vallée del Francés » mais le contournement du massif des Cuernos est très long surtout avec les sacs à dos à pleine charge. Nous longeons le lac Nordenskjold aux magnifiques reflets turquoises en comptant les passages à gué des petits torrents qui ponctuent notre randonnée.

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Arrivés au camping de Los Cuernos, la douleur aux épaules a raison de nous. Nous nous arrêtons là pour aujourd'hui sous un soleil encore brûlant mais dans un lieu fort sympathique. Nous dînons devant un magnifique coucher de soleil projetant ses derniers rayons de lumière sur les « cornes » de granit qui nous surveillent d'en haut...

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3ème JOUR

 

Si nous avions fait la veille ce que nous avons commencé par gravir ce jour, nous serions vraiment arrivés complètement cuits ! La montée vers le campement Italiano est rude. On ne gagne pas vraiment en altitude mais le sentier étroit, sinueux et parsemé de cailloux et de racines n'arrête pas de monter et descendre. Arrivés à ce camping gratuit géré par les Rangers du parc, nous montons à nouveau la tente pour alléger nos sacs, et pique-niquons avant d'entamer la montée dans la vallée del Francés.

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Depuis deux jours, nous tentons de reconnaître les végétaux et les oiseaux que nous observons. Il faut dire que les conférences Navimag nous aident un peu mais nous gardons tout de même quelques doutes sur une belle baie rouge magenta qui peuple les collines et versants peu abruptes du parc. On l'identifiera plus tard comme Gaulthéria. Nous étions aussi ravis de trouver de jolies orchidées (ou similaires) blanches, vertes ou jaunes parmi les buissons ou sous les « lengas », arbres à petites feuilles qui vit en véritable maître sur toute la zone de la forêt australe du parc.

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Les oiseaux se font un peu plus difficiles à observer mais nous vous présentons le « loica » avec son joli poitrail rouge.

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Dans la montée de la vallée del Francés, on longe les flancs enneigés du Cerro Paine Grande qui régulièrement font entendre leurs rumeurs tels des grondements d'orages. Il s'agit des avalanches qui dévalent la pente ou tombent des falaises jusqu'au champ de neige inférieur ou jusqu'au glacier, tout en bas du versant de roches et de neige.

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Au fond de la vallée, une chaîne de pics bloque la vue plus au nord mais forme un cirque magnifique de montagnes acerbes. L'aileron de requin côtoie la Punta Negra et les arbres cessent de grimper les pentes abruptes, laissant les roches à nues, malmenées par tous les vents. Le torrent qui recueille les eaux fondues des glaciers est cristallin et se jette dans le lac Nordenskjold au bleu laiteux typique des lacs de montagne.

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Lors de la descente, nous retrouvons deux autres français en goguette pendant quelques mois comme nous en Amérique du sud : Jean et Marion (http://jijietmarion.unblog.fr/). Nous redescendons donc au camping à la nuit tombante en patrouille de 6, piaillant comme des israéliens (toujours plus nombreux en Patagonie et aussi bruyants que des italiens...)

 

4ème JOUR

 

Une nouvelle liaison avec le sac sur le dos nous permet de rejoindre le camping Pehoé (ou Paine Grande). Un large terrain autour d'un grand refuge moderne avec grands sanitaires et cuisine-salle à manger nous accueille. Ce joli site nous permettra de profiter d'une grasse matinée le lendemain matin car nous sommes juste à côté de l'embarcadère du bateau qui nous ramènera à la civilisation de la route et de la ville.

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Pour le moment nous sommes encore au vert et nous prenons notre courage en main et faisons taire les douleurs musculaires pour nous engager sur la troisième branche du W. Elle nous mène vers le glacier Grey en longeant le lac du même nom. D'énormes morceaux de glace bleutée viennent fondre jusqu'au fond du lac nous surprenant d'autant plus en cette période de chaleur. Il faut dire que nous avons de la chance depuis le début du trek car nous n'avons pas eu une seule goutte de pluie et les quelques nuages sont plutôt bienvenue pour ne pas trop « chauffer » sous le soleil éclatant de ce début d'été.

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Cependant, plus on s'approche du glacier, plus le vent est froid et puissant. Face à lui, après 3h30 de marche épuisante, nous le saluons bien couverts.

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Mais il nous faut rebrousser chemin pour ne pas rentrer par nuit noire. Ayant à ce moment-là trois jours de marche derrière nous et près de 6h de marche intense, rien que pour arriver au glacier, nous sentons que le retour sera rude... Et il le fut ! Car au crépuscule, en vue du camping, Anne-So se contenait pour ne pas pleurer tant sa douleur de contracture au mollet était forte, et Gillou avait les pieds en compote et les genoux ripés. Émilie et Émilien, partis plus tôt que nous ce matin, nous attendent pour le repas mais apparemment aussi fourbus que nous. C'est dire si la nuit qui suit est méritée tout comme la matinée du lendemain très tranquille...

 

 

Nous avons accumulé sur 4 jours plus de 80 km de sentiers caillouteux et quelques 28 heures de montées et descentes permanentes. Le trek W a beau ne pas être très élevé en altitude, il n'en est pas moins sportif et éprouvant. Bien-sûr tout dépend des conditions climatiques ainsi que du rythme et du poids que l'on s'impose. Cependant, même chanceux pour le temps qui nous a permis d'observer toutes les beautés de ce parc dans de magnifiques conditions, nous sommes fiers d'avoir relevé le défi de le faire en 4 jours et entièrement campé !

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Seule ombre au tableau, victime de son succès, le parc est fréquenté par des gens parfois peu aimables car incapables ni de dire bonjour, ni de dire merci quand on les laisse passer, ni de respecter la propreté d'un lieu naturel classé au patrimoine mondial de l'UNESCO. Démocratisation du voyage oblige, les « mal élevés bourrus égoïstes crades » sont là... D'ailleurs, moins de deux semaines après notre trek, un grand incendie s'est déclaré dans le parc, brûlant plus de 11000 Ha ; nous le devons à un touriste qui aurait mal éteint son feu. Soit dit en passant cela est interdit dans le parc... C'est dire si certains respectent les règles fixées pour préserver un si bel endroit ! 
Heureusement, on rencontre aussi des gens sympas et nous avons eu plaisir à marcher aux côtés de nos nouveaux amigos ! Voilà qui nous réconforte sur le bateau du retour qui fend l'eau turquoise du lac Pehoé, dominé par la chaîne du Paine...

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PHOTOS

Publié dans Chili

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