Surprenante Buenos Aires...
Buenos Aires est la grande métropole sud-américaine par excellence. La capitale argentine regroupe avec sa banlieue un tiers de la population du pays. Les « porteños » (habitants de Buenos Aires) considèrent presque leur ville comme un pays à part entière, tant la différence entre la capitale fédérale et le reste du pays est grande.
Ici, tout est bruyant, immense, fourmillant et lumineux. Le plus bel exemple de ceci est certainement l'avenue du 9 juillet. Cette percée à la Haussmann totalise plus de 20 voies de circulation réparties sur 4 chaussées. Elle fait plus de 120 mètres de large sur 3,5 km de traversée des quartiers Centro et San Telmo, le cœur de la cité.
Lorsque nous arrivons à la garde de bus du « Retiro », nous découvrons la plus grande plate-forme de transports de passagers que nous ayons vue jusque-là. Les quais de bus s'alignent sur des centaines de mètres, affichant des destinations dans tout le pays et à l'international. On comprend vraiment ici l'ampleur du développement de ce mode de transport. Puis, nous nous rendons dans le centre-ville dans l'un de ces milliers de taxis jaune et noir qui parcourent le quadrillage dense de la trame urbaine. Une fois l'hôtel trouvé, nous partons visiter le quartier administratif. L'avenue de Mai relie les deux places symboliques du pouvoir politique en Argentine. Sur la place de Mai, nous découvrons au bout de la perspective la Casa Rosada, l'immense palais du gouvernement où siège Cristina Kirchner, nouvellement réélue à la tête du pays.
Autour de la place, on trouve aussi l'imposante cathédrale métropolitaine au portique de style grec antique, ainsi que le Cabildo, le bâtiment colonial qui le premier accueillit les remous du tout nouveau gouvernement argentin en 1810, une fois l'indépendance déclarée.
A l'autre bout de l'avenue de mai, se trouve l'énorme palais du congrès. Son petit air de ressemblance avec le congrès américain traduit la tendance naturelle des Porteños à se tourner vers les grandes puissances du nord, Etats-Unis et Europe en tête, plutôt que de s'intéresser à la « province ».
Mais le centre ne possède pas seulement de grands palais administratifs ou religieux. L'architecture civile fait également preuve d'envergure ou d'expression néoclassique à l'instar du Palais Barolo, du théatre Colon ou de l'ambassade de France.
La pharmacie « La Estrella » ou la libraire Avila semblent d'ailleurs encore figées à la belle époque...
Cependant, Buenos Aires est bien plus qu'un centre-ville dédié aux ambassades ou administrations de la capitale. C'est aussi la ville sud-américaine la plus inspirée de l'esprit latin. On y croise artistes, intellectuels, danseurs de tango et brocanteurs. Les quartiers de la Boca et de San Telmo sont les hauts lieux de la vie bohème à l'argentine. Le caminito, petit quartier ultra-coloré de la Boca, non loin du mythique stade de l'équipe de football de la capitale Boca Juniors, démontre l'esprit populaire et créatif des Porteños. Les fresques ornent les murs de crépis et les touristes s'enorgueillissent des poses acrobatiques que les faux danseurs de tango leur apprennent devant les objectifs.
A San Telmo, les places et terrasses de café servent de pistes de danse pour des démonstrations de tango de rue et les galeries couvertes sont remplies d'extraordinaires bric-à-brac. Les lustres à pampilles illuminent de magnifiques meubles de style entassés entre les grilles en fer forgé, les canes, les parapluies, les cadres dorés ou autres tourne-disques. Au détour d'une rue, Mafalda nous attendait sur son banc ! Elle fut pour une fois bien peu bavarde !
Les quartiers nord de la capitale sont beaucoup plus chics, mais par la même moins animés. Les immeubles montent en hauteur, les façades s'assagissent, les rues s'élargissent. C'est la petit Paris de la Recoleta. Les boutiques de luxe côtoient les cafés-brasseries, non loin du cimetière huppé fondé en 1822 sur l'ancien verger du couvent des frères récollets, à l'origine de l'appellation du quartier. La tombe la plus visitée reste à ce jour celle de Eva Peron, l'héroïne politico-sociale de la nation, celle que tout argentin connaît et vénère.
Ces quartiers sont aussi bien plus verts que les autres. Toujours à Recoleta, l'un des nombreux parcs accueille une nouvelle sculpture dite dynamique : La Floralis Generica. Les pétales s'ouvrent et se ferment avec le lever et le coucher du soleil.
On retrouve par contre beaucoup d'animation dans les grands parcs du quartier de Palermo. En effet, le dimanche, les Porteños aiment parcourir les allées du « jardin botanico », venir saluer les animaux au « jardin zoologico », faire du pédalo sur le lac du « parque tres febrero » ou s'adonner au roller, au vélo ou au jonglage sur les voies neutralisées qui traversent cet immense parc urbain.
Buenos Aires possède aussi son quartier moderne et à l'instar d'autres grandes villes portuaires européennes, les anciens docks ont fait l'objet d'une rénovation urbaine d'envergure. Les innombrables entrepôts de la digue Est des bassins de Puerto Madero furent transformés en restaurants, lofts et bureaux. En face, de nouveaux édifices de toutes tailles ont notablement modifié le bord de mer de la métropole. Les tours de bureaux sont plus nombreuses d'année en année et dépassent largement les anciennes grandes grues de déchargement qui sont restées là pour l'histoire, tout comme les deux grands voiliers de la Marine fixés au quai et transformés en musée flottant. Une marina de voiliers et de yachts traduit l'orientation élitiste du quartier...
Cela fait du bien de voir un peu d'eau car on oublierait presque que Buenos Aires est située en bord de mer, à l'embouchure du rio de la Plata et de son immense estuaire. Non loin de là, plus au nord, le rio Parana se jette dans l'estuaire à travers un delta extrêmement étendu. Le rio Parana, à en juger par sa longueur, son débit d'eau très important et le trafic qu'il porte, fait partie des très grands fleuves mondiaux ; c'est dire s'il est important pour cette région de la capitale fédérale...
Sur les bords sud du delta, une ville de villégiature des Porteños s'est installée pour profiter de ce cadre somptueux offert par le fleuve. Cette Venise d'Amérique Latine se nomme Tigre. Nous la rejoignons en 1h de train de banlieue depuis la gare du Retiro, non loin du centre-ville de Buenos Aires. Pour circuler ici, il faut prendre le bateau-bus ! Ces magnifiques longues barques vernies partent toutes de la gare fluviale du centre-ville. Une fois à bord, plus on s'enfonce dans les larges canaux bordés de villas et d'hôtels, plus on observe l'agitation des nombreux bateaux naviguant en tous sens. Chacun possède son embarcadère de bois qui sert de temps à autre « d'arrêt de bus » à notre embarcation.
Puis, nous débarquons sur l'un d'entre eux pour découvrir de plus près l'ambiance conviviale et vacancière de ces hameaux « au vert ». Les habitants de ces marais utilisent leur jet-ski ou leur barque à moteur comme une voiture chez nous ! Les boutiques et les stations-essence ont pignons sur canal. C'est vraiment très amusant de voir vivre cette banlieue, proche d'une si grande métropole, au milieu de la forêt tropicale humide du delta du Parana...
Buenos Aires et sa région regorgent vraiment de nombreuses surprises...