La croisière s'amuse entre canaux, océan et fjords !

Publié le par Popi & Gillou

Après presque 3 semaines dans la région avec à notre actif la visite de Puerto Varas et ses alentours, Bariloche et la route des 7 lacs côté argentin, la découverte de grandes villes chiliennes en bord de mer (Valdivia et Puerto Montt) et de l'archipel de Chiloé, nous sommes impatients de descendre plus au sud, dans la Patagonie australe.

 

Puisque la route australe, celle qui passe par d'interminables pistes de cailloux, emprunte quelques cols et quelques bacs, traverse la frontière argentine avant de repasser au Chili, est un moyen très peu développé et très long, le sud du Chili est avitaillé par bateau. D'ailleurs, la route maritime entre Puerto Montt et Puerto Natales est aussi très empruntée par les hommes. A la belle saison, un bateau par semaine, plein de camions et de touristes, parcourt les innombrables canaux, fjords et golfes de la côte sud du pays pour relier les deux villes distantes de plus de 1200 km. Ayant pour objectif de faire quelques randonnées notamment celles du Parc « Torres del Paine » proche de Puerto Natales, nous embarquons nous aussi pour 4 jours de croisière sur l'Evangelista, un beau ferry de 120 m de long.

167 départ de puerto eden

Une fois le chargement des ponts inférieurs terminé, nous nous engageons dans le golfe d'Ancud en observant une dernière fois le front de mer de Puerto Montt. Ses nouvelles tours modernistes s'exhibent comme symbole de la montée en puissance de la ville comme nouvelle capitale du sud du pays, dont l'économie est portée entre autres par la transformation des produits de la mer.

005 départ de Puerto Montt   009 départ de Puerto Montt

Notre route passe ensuite par le golfe de Corcovado puis le canal Moraleda bien à l'abri de la haute mer. Après 24h de navigation, nous nous échappons vers l'océan pacifique par de petits canaux afin de contourner la péninsule de Taitao. Une nuit de houle plus tard, nous traversons le golfe de Penas, célèbre pour ses tempêtes remuantes, comme en témoignent de nombreux récits de marins qui sillonnent les mers du sud. Heureusement, ce passage de pleine mer n'a pas été pour nous insupportable. Les creux n'atteignaient, paraît-il, que 3 à 4 mètres ! Quand on sait que la houle atteint régulièrement 9 mètres, on se dit qu'on a été plutôt chanceux.

 

Quand nous entrons dans le canal Messier pour nous mettre à nouveau à l'abri, cela fait deux jours que nous naviguons à une vitesse de 12 nœuds de moyenne. La vie à bord est rythmée par les heures de repas sur ce genre de navire. Entre temps, nous avons le loisir d'observer quelques baleines minke et des dauphins de peale et une fois au large, les pétrels viennent planer au-dessus du pont supérieur.

040 baleines   025 dauphins   073 pétrel

Pour nous aider dans nos observations, deux guides à bord organisent des petites conférences sur la faune et la flore patagoniennes. Ces notes nous seront d'ailleurs utiles pour la suite du voyage, durant lequel la nature va prendre de plus en plus de place. Nous sympathisons également avec Emilie et Emilien, deux français en goguette pour 3 semaines. Après quelques parties de cartes, nous échangeons nos projets de randonnées dans le grand sud. Elles semblent correspondre, en tous cas pour ce qui est du côté chilien...

 

En s'approchant de l'extrémité du canal Messier, nous dépassons une célèbre épave : le Cotopaxi. Ce navire échoué au milieu du canal sert aujourd'hui de repère pour la navigation. Par ailleurs, il est aussi devenu un refuge pour les oiseaux marins qui s'envolent en nuage dès le premier coup de corne donné par le capitaine !

108 cotopaxi   106 cotopaxi

Puis, la largeur de l'ex-vallée glacière aujourd'hui occupée par la mer, se réduit fortement. A l'intérieur de la « passerelle » (la cabine de pilotage), nous assistons à la manœuvre dirigée par le capitaine du bateau. Il s'agit de négocier la Angostura Inglesa, un détroit qui annonce notre escale à Puerto Eden.

046 cabine commandant

En effet, sur l'île Wellington un seul petit hameau de pêcheurs et chasseurs de lions de mer, constitue l'unique groupement d'habitations à des centaines de kilomètres à la ronde. On trouve ici, paraît-il, encore quelques survivants de l'ethnie native de la région : les Alakalufs (ou Kawésqar). Les Yamanas (ou Yagans), eux, ont définitivement disparu. Les tribus qui vivaient là avant l'arrivée des colons, ont progressivement été chassées comme des voleurs et des parias par ces derniers. Les quelques 180 âmes à peupler cette île reculée du Chili austral sont donc sur le qui-vive dès que le bateau hebdomadaire approche. Les barques qui nous permettent de poser pied à terre sont déjà là à entourer le ferry. Une fois sur le quai, nous parcourons les pontons de bois qui constituent les chemins du village pour goûter quelques instants à la vie insulaire en Patagonie australe. Les maisons sont presque entre mer et neige. En effet, en toile de fond, les monts occupants le centre de cette grande île, sont encore couverts de leur blanc manteau. La végétation est ici plutôt rase et les arbres de haute tige épars. Les arbustes et les buissons sont d'un vert profond. On se sent vraiment perdu dans une nature immense.

149 PANO puerto eden

154 PANO puerto eden

En parlant de grande dimension, dès notre retour sur le bateau, nous nous impatientons de découvrir notre prochaine destination : le glacier Pio XI. Il s'agit tout simplement du plus grand glacier d'Amérique du sud ! Tous les fjords sur lesquels nous naviguions jusqu'alors ne débouchaient pas sur des glaciers. Mais le capitaine nous confirme qu'avec l'avance prise, nous pouvons faire le détour par le fjord Eyre. Tout au fond de celui-ci, le front de fonte du glacier Pio XI atteint plus de 4 km de large. Ce géant de glace n'est pourtant que l'une des langues descendant de l'immense champ de glace patagonien. Cette zone de réceptacle de la neige qui s'étend sur 500 km du nord au sud entre le Chili et l'Argentine, est la troisième réserve mondiale d'eau douce (après l'Antarctique et le Groenland).

202 PANO pio XI

En s'approchant du Pio XI, on mesure combien l'homme est petit. Notre « gros » ferry est finalement moins haut que le mur de glace devant nous. Les séracs élancent leur pointe blanche vers le ciel et les crevasses laissent entrevoir le bleuté des glaces millénaires arrivées au bout de leur route, prêtes à s'effondrer dans l'eau de mer...

240 glacier pio XI

La dernière nuit à bord est plutôt bruyante. C'est traditionnellement le soir de fête sur le pont supérieur. Le canal Wide puis le Sarmiento nous amènent doucement vers notre destination finale. Le lendemain, il faut encore que les officiers fassent preuve de précision dans le paso White. Nous passons d'abord entre deux côtes si proches que l'on se croirait dans une écluse. Puis nous sinuons entre quelques îlots avant de rentrer dans le golfe de Puerto Natales. Le vent souffle fortement, les nuages passent vite et pourtant le clapotis des vagues reste faible. Quel étrange sentiment que de naviguer sur ces mers intérieures, ces canaux d'eau salée. Toujours entourés de terre et pourtant toujours sur la mer, cette navigation australe est vraiment surprenante !

378 PANO puerto natales 


PHOTOS

Publié dans Chili

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
B
Bleufée par les photos, je reste bouche B! Impressionnants ces murs de glace! SUPERBE! Je ne trouve plus mes mots!
Répondre